Burn out voie initiatique ou épuisement professionnel ?

Burn out voie initiatique ?

Serai-je l’homme que je suis aujourd’hui si je n’avais pas vécu un burn out ?

Burn out voie initiatique ? La question peut paraître curieuse, troublante voire gênante. C’est pourtant la question que je me pose, trois ans après avoir payé cher ma suractivité professionnelle et le déséquilibre de ma vie sociale et personnelle.

Burn out voie initiatique ? Et si il m’avait permis de m’ouvrir à un chemin de connaisance ?

J’ai œuvré pendant plus de quinze ans dans la vente, le management, le conseil, la formation, jusqu’aux risques psycho-sociaux.

J’ai adoré mon métier mais j’étais trop investi, trop engagé et souvent la reconnaissance n’était pas au rendez-vous. A un moment, j’ai commencé à y trouver de moins en moins de sens. La fatigue s’accumulait, mais j’avais toujours à cœur de bien faire. Je me disais qu’à un moment donné je m’arrêterai, je ralentirai, je changerai, mais ce moment n’arrivait pas, je le repoussais constamment. Impossible de m’arrêter, j’étais lancé à 200 à l’heure depuis des années. Je n’ai pas vu le mur venir et tout s’est écroulé, effondré.

Selon les personnes, le mur prend la forme d’un AVC, d’une maladie type cancer, de dérèglements physiologiques, d’un état dépressif. Certains se réveillent un matin incapables d’honorer le rendez-vous qu’ils préparaient depuis des semaines. Moi j’ai fait un « wiplash », un blocage complet de mon système nerveux, deux mois et demi d’insomnies, deux ans pour reprendre quelques activités et trois pour réellement pouvoir reprendre une activité « normale ». Mon psychiatre et mon neurologue ont fait le lien entre mon surinvestissement et l’incapacité de mon organisme à en supporter davantage.

Renaître de ses cendres

Cet épuisement physique et psychique est le résultat d’un trop fort déni de soi. Il est le signe que la personne néglige des aspects d’elle-même, pourtant essentiels. J’ai découvert, au fur et à mesure de ma résilience que j’étais dans un schéma exacerbé de contrôle, liée à une blessure d’abandon.

Je me suis épuisé à tout contrôler, à être perfectionniste. Le corps s’est épuisé, le cerveau s’est “grillé”. S’arrêter, très longtemps, a été une nécessité, je n’ai pas eu le choix. Un an pour pouvoir faire une longueur de piscine, un enfer. Au début je l’ai vécu comme un échec. Ce fut un véritable électrochoc, un déshonneur.

Je n’avais plus goût à rien pourtant je voulais vivre et être de nouveau en bonne santé, mais mon corps semblait refuser. Dans ces moments, les forces vous manquent mais cet arrêt de longue durée m’a laissé tout le temps pour réfléchir, analyser, comprendre, adopter de nouveaux comportements, et une nouvelle vision de ma vie et du monde.

La dernière entreprise où j’ai été employé porte une part de la responsabilité, du fait de la charge de travail importante que j’avais à accomplir, du peu de soutien et de reconnaissance que j’avais voire de la pression managériale que je subissais. Pour autant, j’ai appris à dépasser la plainte et la colère et à accepter ma part de responsabilité.

Un burn out doit nous questionner : burn out voie initiatique ?

Mon burn out m’a permis de me questionner sur mon perfectionnisme, ma soif de reconnaissance, ainsi que sur mes difficultés à mettre des limites, à exprimer mes émotions et à répondre à mes besoins. Ce fut le moment de me mettre à l’écoute de mes aspirations profondes et fondamentales. Mais quelles étaient-t-elles ? Etais-je vraiment sur ma route ? Devais-je traverser ces épreuves pour évoluer ? Etais-je confronté au “voyage du héros” ?.

L’intuition, les ressentis sont de précieux alliés dans cette résilience. Le corps a su me guider, il était le seul à connaître les pas que je pouvais réaliser au quotidien. J’ai utilisé le peu d’énergie qu’il me restait pour explorer de nouveaux champs, me former et me cultiver encore davantage sur la croissance individuelle.

Je me suis encore plus tourné vers les médecines alternatives et chacune d’elle m’a permis de faire un pas de plus vers la renaissance. Grâce à certaines d’entre elles, j’ai réussi à retrouver de l’énergie, à casser les couches émotionnelles que j’avais accumulé. Je me suis senti « libéré », « rééquilibré », et j’ai pu, petit à petit, me défaire de mes douleurs et retrouver une qualité de présence et de conscience, pleine et entière.

S’interroger sur sa vie

En parallèle, je me suis interrogé sur ma vie, sur mes valeurs, sur mes besoins, sur ce que je souhaitais faire de ma vie et ce dont je serai fier à l’orée de ma mort. Avec du temps, j’ai pris conscience que mon burn out était une opportunité de renaître, qu’il s’agissait en réalité d’un véritable processus alchimique qui me permettait de transformer “le plomb en or”, les douleurs et les blessures en énergie retrouvée.

Me reconnecter à mon corps, à mes émotions, à mes pensées, en conscience, était une vraie source de progression et d’évolution personnelle.

J’en ai profité pour élaborer un schéma de bien-être, autour du corps, des émotions et du mental. Sans oublier la dimension spirituelle.

Médecine préventive

Une fois calciné, tel le phénix, on peut renaître de ses cendres, à condition de faire le chemin de la purification, de la suppression des résistances, du désencombrement puis de la reconstruction de soi-même, vers un état d’unité intérieur.

Un chemin d’éveil spirituel

Finalement, un burn out, si on le prend comme une opportunité de croissance peut devenir un éveil spirituel. Soudain, face au gouffre, au désert émotionnel, à l’abîme des circonstances, quelque chose s’engouffre et se révèle.

Même si j’en avais conscience, j’ai encore plus réalisé l’absurdité du système dans lequel je m’étais enfermé. Je me suis rendu compte que je suivais les pas d’un monde ordinaire, conformiste, qui ne me correspondait pas et qu’il était possible de vivre autrement.

Je me suis rendu compte de la nécessité d’évoluer vers une qualité de présence et de conscience encore plus authentique, une qualité de vie aussi. Le burn out exige un changement profond de la relation que nous entretenons à nous-même et aux autres. Il ne s’agit pas forcément d’abandonner son travail, même si de mon côté je l’ai vécu comme un moyen de survie, mais de revisiter la façon dont on le perçoit. Et peut-être, si on le ressent au fond de soi, de découvrir sa véritable mission de vie.

Ne pas trop « romantiser » le burn out

Mon propos n’est pas non plus de « romantiser » le burn out. Il reste une épreuve extrêmement difficile et il faut de la force et du courage pour en sortir. Des ressources aussi et beaucoup de patience. Le burn out est douloureux, se reconstruire prend du temps. Une fois les symptômes « disparus », la tentation est grande de repartir sur les mêmes rails. Mais que vaut-il mieux : prendre le risque d’aller vers l’inconnu ou avoir la certitude d’aller dans le mur ?

Se faire accompagner

Quitter le monde ordinaire pour entrer dans un monde « extra ordinaire » peut être un véritable passage initiatique. Ce passage est inconfortable, difficile, inconnu, il peut faire peur. On ne peut entrer dans ce nouveau monde et le comprendre avec la conscience ordinaire. Se faire accompagner peut-être nécessaire, sans perdre de vue que les choix nous appartiennent.

Repartir de l’avant

Trois ans après mon burn out, j’ai repris mes activités avec une conscience plus fine, enfin je le crois, de la vie et de ma mission. Je suis sur mon chemin de vie, grandi d’une conscience plus élargie de moi-même et du monde. Le burn out a réveillé une flamme, m’a permis de grandir en compétences, en conscience et en amour. Au lieu de me réduire en cendre, il m’a éveillé à davantage de lumière et de chaleur. Je transmets désormais cet apprentissage aux autres et les aide à trouver leur voie, leur chemin, et à mieux comprendre ce que peut leur révéler cette épreuve.

Si vous vivez cette épreuve, je vous souhaite de la vivre en conscience et d’en tirer les enseignements nécessaires. Oui, une autre vie est possible, plus sereine et plus authentique, plus proche de soi et de ses aspirations profondes. Alors burn out voie initiatique ? Personnellement, je dis oui.

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