Le voyage du héros : mythe ou réalité ?

Le voyage du héros : mythe ou réalité ?

Le voyage du héros traverse l’histoire, les mythes et les cultures du monde entier. Voir l’ouvrage complet de Joseph Campbell, la référence incontournable sur les mythes et le voyage du héros : « Le héros aux mille et un visages ».

Nos vies ont aussi ce potentiel initiatique !

Cette aventure n’est autre qu’un éveil à soi, pour une vie pleine de bien-être et de sens.

Qu’il s’agisse du « bonheur authentique » vanté par le courant de la psychologie positive ou de « l’épanouissement vertueux » des philosophes de la Grèce antique, l’enjeu est d’accomplir le voyage vers soi, qui donne à la vie tout son sens, tout son sel. L’un des meilleurs modèles de ce chemin de vie engagé est l’archétype du « voyage du héros ». Cela nous rappelle également le chemin qu’a emprunté Carl Gustav Jung et son processus d’individuation.

Qu’est-ce que le voyage du héros ?

« Le voyage du héros peut-être initié par des relations ratées, des maladies physiques, des défis de carrière, des événements imprévus ou des traumatismes significatifs.

Quoi qu’il en soit, ce mythe apporte un moyen de considérer ces crises comme les portes d’un profond voyage de transformation et de changement positif », expliquent Robert Dilts et Stephen Gilligan, auteurs d’un livre sur le sujet.

Ce cheminement commence par la « transe » du consensus du courant général de pensée, propre à une communauté. Ensuite, le héros en devenir est poussé en dehors de la « boite » de la réalité ordinaire ; ce qui l’oblige à abandonner les anciennes cartes pour s’aventurer en terre inconnue.

« Ce voyage héroïque consiste à franchir le seuil d’un nouveau territoire en dehors de sa zone de confort, à trouver des gardiens (ressources) appropriés, à faire face aux démons ou aux ombres intérieurs (c’est à dire les problèmes majeurs) et les transformer. C’est un véritable passage initiatique, le franchissement « d’un mur du feu ».

Expérience personnelle

Personnellement, à travers mon burn out, dont la résilience aura duré plus de trois ans, je pense avoir traversé cette épreuve. Une épreuve qui m’a révélée à moi-même.

Le mot « burn » signifie bien brûler. Je considère qu’un burn out peut-être un passage initiatique. Voir mon article “burn out voie initiatique ?

Après avoir parcouru avec succès les difficultés et tribulations de ces seuils et épreuves, la personne « renaît », revient dans sa communauté, avec de nombreuses contributions à apporter, “sa mission de vie” diront certains.

Pistes pratiques pour répondre à cet appel des profondeurs

Cartographier votre voyage

Pour vous mettre en route, vous pouvez réfléchir aux questions au diapason des étapes du voyage du héros :

  • Quelle est la difficulté que vous rencontrez et qui se pose en obstacle à votre réalisation ? Le caillou dans la chaussure à transformer en opportunité ?
  • Quelles sont les épreuves de votre vie ? Que vous enseignent-t-elles ?
  • Quel est votre seuil ? Quel est le territoire inconnu, au-delà de votre zone de confort, qui vous « appelle » ?
  • A quoi êtes-vous appelé ? (Il est souvent utile de répondre à cette question de manière métaphorique, ex : je suis appelé à devenir un magicien, un aigle, une source d’eau vive, etc.)
  • Quelles sont les ressources (existantes ou à développer) qui peuvent vous aider à accomplir votre quête ?
  • A quoi aspire votre âme ? Qu’est-ce qui vous fait vibrer ? Que vous dit votre voix intérieure ? Que vous murmure votre âme ?
  • Enfin, pour reprendre les quatre fonctions psychologiques de Jung, quelles sont vos intuitions ? Vos sentiments profonds ? Vos sensations et vos pensées au delà du conformisme ?

Les huit étapes de l’odyssée du héros

Selon Joseph Campbell, le voyage du héros compte huit étapes archétypales, à franchir pour accomplir toute quête, grandir, évoluer et apporter au monde notre contribution.

(1) La première étape, en amont, est d’entendre l’appel. Souvent, cet appel surgit au détour d’une crise ou d’une transition, et peut donc être douloureux, comme un burn out par exemple ou une grave maladie. Mais il peut aussi provenir d’une grande joie (devenir parents, découvrir un art, etc.). Cet appel des profondeurs nous invite à honorer la vie et non glorifier l’égo.

« L’appel demande du courage ; il exige que vous vous éleviez au-dessus de ce que vous étiez »

Après avoir entendu l’appel, encore faut-il (2) s’engager à le suivre !

C’est justement parce que l’appel représente un énorme défi, qui nous confronte à nos limites ou à une remise en question de notre carte du monde, que le refus de le suivre est fréquent (qu’il provienne de soi ou de l’entourage). Or, refuser l’appel peut mener à une intensification des problématiques ou symptômes.

La troisième étape invite, elle, à (3) franchir le seuil. C’est l’initiation qui nous propulse au-delà de notre zone de confort. Une fois passé ce seuil, il n’y a plus qu’une direction possible : en avant. « Et c’est à ce moment-là que votre intelligence ordinaire va vous faire défaut. Votre intelligence consciente ordinaire n’est capable que de créer des versions différentes de ce qui a déjà eu lieu. Elle ne peut susciter de nouvelles réalités ».

Ce franchissement demande donc un double mouvement de centrage et d’ouverture. Le seuil passé, la quatrième étape consiste à (4) trouver des guides. Ces éveilleurs peuvent être des relations-clés – amis, membres de la famille, collaborateurs, coach – mais aussi être des personnages historiques ou des figures mythologiques qui ont parcouru un trajet inspirant ou qui ont une expérience similaire. L’enjeu est d’être prêt à recevoir du soutien !

Ce cheminement nous amène aussi à (5) affronter nos démons. « Les démons ne sont cependant pas nécessairement diaboliques ou mauvais ; ils représentent un type d’énergie, celle que nous devons apprendre à contenir, accepter et rediriger. Les démons reflètent souvent l’une de nos peurs intérieures et nos ombres ». Pour faire face à l’incertitude et à la « mue » du démon, il est important de développer de (6) nouvelles ressources.

Celles-ci proviennent de capacités en émergence et d’outils que nous pouvons activer pour gérer la complexité et les résistances. « Cette évolution implique une expansion de nous-même qui inclut et transcende toutes les dimensions précédentes de notre être. » Une connexion à une intelligence intuitive, à une sagesse spirituelle, à un état de conscience élargi, qui nous propulse dans un au-delà de soi.

La septième étape est au cœur de ce « voyage » : il s’agit de (7) réaliser notre mission de vie. Cette étape de transformation implique la création d’une nouvelle carte du monde qui intègre les découvertes faites « en route ».

Enfin, ultime étape, (8) le retour chez soi… avec le « don ». On revient donc transformé par ce cheminement et il faut être prêt à partager ce qu’on a accompli, trouvé. « Tant que nous n’avons pas amené notre nouvelle identité dans le monde, le voyage n’est pas complet. ». Comme le soulignait la géniale chorégraphe Martha Graham : « Il y a une vitalité, une force de vie qui, à travers vous, se transforme en action ; et parce qu’il n’existe qu’un seul « vous » dans tous les temps, cette expression est unique… Ce n’est pas à vous de décider de sa valeur, ni de la comparer avec ce que d’autres expriment. Votre tâche est de garder le canal ouvert. »

Bon voyage initiatique, bon voyage vers une connaissance ontologique !

Quatre références

  • Le voyage du Héros – Un éveil à soi-même – Stephen Gilligan & Robert Dilts
  • Le héros aux mille et un visages – Joseph Campbell
  • Le chevalier à l’armure rouillée – Robert Fisher
  • S’autoriser à cheminer vers soi – Joëlle Macrez-Maurel
  • Ma vie – Carl Gustav Jung