Prévention et santé au travail : 9èmes rencontres

PREVENTION ET SANTÉ AU TRAVAIL : 9ÈMES RENCONTRES

Prévention, dialogue social, compétitivité : quel avenir dans la gestion de la santé au travail ?

Deux sessions de débats se sont succédées aux 9èmes rencontres pour la santé au travail le mardi 12 février 2019 à la Maison de la Chimie. J’y ai assisté en tant que coach bien-être et responsable des formations Cap Santé Entreprise.

Retour sur une matinée fort intéressante mais qui pose malgré tout encore de nombreuses questions.

Pour rappel, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, avait précisé les axes de sa « stratégie de prévention en santé » lors du Conseil des ministres du 30 août 2017. Elle avait rappelé que la prévention était une des priorités du gouvernement.

Qu’en est-il réellement en février 2019 ? Quelles actions ont été réalisées ? Autant de questions qui méritaient d’être posées pour identifier les avancées effectives et concrètes.

Santé et bien-être au travail : quelles priorités en France ?

Autour d’un premier débat « La santé et le bien-être au travail : quelles priorités en France ? » sont intervenus  les premiers orateurs.

Ce débat interpellait sur de nombreuses questions : Vers un système simplifié pour une prévention renforcée ? Quelle place pour les complémentaires santé, les mutuelles, les assurances ? Comment créer une culture de la prévention ? Comment mobiliser les managers autour de la prévention ? Quelle responsabilité sociale pour les entreprises ? Comment créer des vocations pour la médecine du travail ? 

Charlotte Lecocq, députée du Nord, en charge de la mission sur la  santé au travail a rappelé que pour le gouvernement le travail représentait une possibilité « d’émancipation » et que le travail devait trouver les « conditions qui permettaient de préserver sa santé physique et mentale ». L’enjeu résidait dans la capacité à « se maintenir dans l’emploi » et de poursuivre la « lutte contre les RPS ». Les situations personnelles devaient « être prise en compte » ainsi que les situations « d’aidants proches ». Elle a également évoqué la possibilité de « nouveaux risques émergents » en référence à l’arrivée de l’intelligence artificielle ou à la « création de nouveaux métiers ».

Une veille beaucoup plus forte et un système à réinventer

Face au changement qui bouleverse l’activité des entreprises et l’activité des salariés, une « veille des risques » se devait, selon Madame Lecocq, d’être « beaucoup plus forte ». Beaucoup d’employeurs se trouvent encore, selon elle, « démunis ». Madame Lecocq précise qu’il est aujourd’hui nécessaire de « réinventer le système et de décloisonner la santé publique et la santé au travail ».

De grands défis s’ouvrent ainsi aux employeurs et aux instances publiques pour « ré-inverser une logique pas encore suffisamment tournée vers la prévention ». Les bonnes volontés de mettre en œuvre des démarches de prévention trouvent encore « leurs limites et ont beaucoup de mal à se concrétiser », dans la réalité, sur le terrain. Ces faits sont validés aujourd’hui par la montée croissante depuis dix ans des maladies chroniques et des arrêts de travail.

Santé en entreprise et maladie chronique : Voir notre article

Madame Lecocq pense qu’il est nécessaire de « moderniser les pratiques », notamment par l’utilisation de « la digitalisation » voire de la « télémédecine ».

Un objectif central reste celui d’emmener les entreprises « dans une logique qui consiste à considérer que la santé au travail est un levier de performance ». Cette logique ne fait que confirmer ce que nous constatons dans nos entretiens avec Cap Santé Entreprise : la prise de conscience des dirigeants n’est encore pas suffisamment forte sur ces sujets, les moyens d’accompagnements ne sont pas suffisamment adaptés ou encore trop considérés comme un coût et non un investissement bénéfique pour l’entreprise.

« Ce qui n’est pas coûteux n’est pas managé », il est temps de comprendre aujourd’hui qu’une santé dégradée dégrade la santé de l’entreprise et qu’à terme, si une réelle prise de conscience n’est pas prise sur ces sujets, et des actions réellement menées pour favoriser la bonne santé des salariés, la santé en entreprise risque d’être un sujet plus que préoccupant dans l’avenir. Je n’oublie pas toutes celles et tous ceux qui ont déjà été « cassés par un système » pour reprendre les propos du Professeur Paul Frimat et qui ont désormais beaucoup de mal à retrouver un emploi, tout un sujet qui concerne la désinsertion professionnelle.

Première conclusion

Au travers de ces débats et des constats, force est de constater que nous sommes encore dans la culture du « Cure » et non du « Care » et qu’il reste encore beaucoup de travail pour sensibiliser nos organisations à ces axes de prévention. Seulement, désormais, le temps presse, et le temps de réflexion devrait désormais passer au temps de l’action. Pour ma part, je pense que les services de santé doivent davantage être soutenus et aidés par des services externes regroupés autour de “guichet unique” qui favoriserait la complémentarité d’actions de prévention en santé, sur la durée et avec  une évaluation pertinente et fiable (évaluation d’impact) et l’action de proximité. C’est l’objet même et le cœur du dispositif de Cap Santé Entreprise.

Avenir du travail : quelles innovations ?

Une seconde table ronde a permis d’aborder les sujets suivants : Quelles innovations organisationnelles, managériales et technologiques pour demain ? Numérique,  robotique, Intelligence Artificielle : quelle amélioration du bien-être au travail ? Le dialogue social : un levier de la performance ? Comment générer une culture qui améliore la prévention, compétitivité et performance ? Quel avenir de la fonction RH ?

Lors du 4èmecolloque organisé par Cap Santé Entreprise nous avions abordé ce thème « Nouvelles technologies et santé ». Les questions sont encore d’actualité, notamment dans la capacité des organisations à coupler les outils technologiques et les approches de proximité.

L’idée générale qui ressort du débat est qu’il semble intéressant de s’équiper ou de s’outiller de plateformes d’accompagnement pour favoriser l’accès à l’information et à la formation, tout en préservant un rapport de proximité, humain, pour pallier aux exigences des spécificités culturelles, technologiques et spécifiques de chaque métier. La relation sociale et humaine restant un atout clé dans la prévention de la santé.

L’autre aspect clé de cette table ronde est le constat que « les employeurs ne connaissent pas suffisamment les moyens d’aide et de soutien à leur disposition mais également les moyens de financement possibles. » Il est vrai qu’il est parfois difficile de s’y retrouver quand une des priorités des entreprises est de se pencher essentiellement sur l’aspect de l’économie et de la rentabilité. La question de « remettre la valeur sociale au cœur même de l’entreprise » a d’ailleurs été un sujet évoqué comme un levier fort pour amener les entreprises à prendre davantage en compte l’aspect de la santé comme un axe majeur de la stratégie au même titre que la stratégie économique. Selon certains témoignages, cela commence d’ailleurs, pour certaines entreprises, à être un vrai moyen de différenciation et d’attractivité, pour les entreprises qui y souscriront.

Seconde conclusion

L’évolution croissante des taux d’absentéisme (et de présentéisme), laisse craindre une dérive de l’état de santé des salariés donc des entreprises. Agir sur l’absentéisme nécessite « un temps long », c’est un temps de diagnostic, d’accompagnement et de suivi. Il faut au minimum deux ans pour pouvoir identifier, mesurer, accompagner puis évaluer le bénéfice des actions entreprises. Ces mêmes entreprises doivent être soutenues et l’on se doit aujourd’hui de les aider à financer des services articulés autour de leurs besoins et de ceux des salariés. Les mutuelles peuvent être un acteur majeur dans l’agrégation de réseaux d’intervenants. 

Conclusion 

En conclusion, je suis convaincu que la santé doit deviendra le sujet de préoccupation incontournable des entreprises et que celles-ci doivent être accompagnées, aidées par des organismes externes, indépendants, neutres, experts sur les sujets et capable d’intervenir, grâce à l’accès d’un réseau d’experts dans leur domaine sur les sujets de santé.

Les entreprises qui restent dans le déni de ce sujet prendront un retard inévitable par rapport à celles qui y adhéreront.

A ce titre, je suis fier d’intervenir et de soutenir Cap Santé Entreprise qui agit pour faire évoluer les consciences sur ces sujets et qui agit au quotidien sur le sujet de la santé, notamment auprès des salariés atteints de maladies chroniques (Cancer, Maladies cardio-vasculaires, diabète, Maladies mentales…) et qui propose une offre complète orientée vers les salariés et ajustée aux besoins réels des entreprises ou des organisations. Cette offre qui se veut résolument solidaire et attractive a pour unique objectif de permettre aux salariés de se maintenir en bonne santé, de préserver son emploi et de permettre de faire le lien entre salariés, employeurs, services de santé et de prévention et leurs mutuelles. En savoir plus : www.capsan.fr

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