Santé mentale au travail : Du normal au pathologique

Santé mentale au travail : Du normal au pathologique

Le travail, est-ce bon pour la santé mentale ?

Ces dernières semaines se sont tenus quelques événements autour du bien-être, de la santé mentale et de la santé au travail.

Après le 4ème colloque organisé par mon partenaire Cap Santé Entreprise sur les « Nouvelles Technologies et la Santé » le 16 novembre 2017, retrouvez ci après une synthèse d’un événement, « La santé mentale au travail : du normal au pathologique » organisée à l’Académie de Médecine par la Fondation Pierre Deniker le 15 mars dernier.

Santé au travail : Rappel sur la politique de santé décidée par la ministre de la santé en août 2017

La ministre de la santé, Agnès Buzyn, a précisé les axes de sa « stratégie de prévention en santé » lors du Conseil des ministres du 30 août 2017

Elle a rappelé que la prévention est une des priorités du gouvernement et énoncé ses principaux objectifs :

  • Promotion d’une alimentation saine et de l’activité physique
  • Prévention des maladies infectieuses
  • Lutte contre les conduites addictives
  • Promotion de la santé mentale
  • Promotion d’un environnement et de conditions de travail favorables à la santé
  • Amélioration du dépistage et prévention de la perte d’autonomie

Elle souhaite également une implication renforcée des professionnels de santé qui se fera notamment dans le cadre d’accords conventionnels, et par l’évolution des outils de formation et d’informations.

Par ailleurs, rappelons qu’en octobre 2017, Emmanuel Macron et sa ministre du travail, Muriel Penicaud ont décidé de lancer en novembre une vaste mobilisation d’une série de mesures pour promouvoir le bien-être au travail et faire de Paris, « la capitale du bien-être au travail ».

La santé mentale au travail

La santé mentale est un enjeu majeur de santé publique aux implications sociales et économiques déterminantes. Les liens (positifs ou négatifs) entre le travail et la santé psychique sont dorénavant bien établis et le monde du travail doit se saisir de manière urgente de cette problématique. Prévenir les pathologies psychiques, repérer les 1ers signes, vivre avec, favoriser l’inclusion par une meilleure information, délier la parole… autant de thèmes abordés par des experts lors de cette soirée.

Quelques chiffres – Source Institut Pierre Deniker

La France arrive en tête du classement mondiale des dépressions

1 personne sur 5 aurait un trouble psychiatrique chaque année en France contre 1/10 pour le cancer

Les pathologies psychiatriques sont au 3ème rang des maladies les plus fréquentes après le cancer et les maladies cardio vasculaires et première cause d’invalidité et arrêt de maladie longue durée

La maladie mentale est la première cause d’absentéisme au travail : anxiété – troubles de l’humeur – addictions

Les maladies psychiques liées au travail

Chiffres : Assurance maladie – Risques professionnels, étude sur les affections psychiques liées au travail

En 2016, plus de :

10 000 affections psychiques au titre des accidents du travail : 112 jours d’arrêt pour les affections psychiques reconnues en accident du travail, contre 65 jours en moyenne pour tous les accidents du travail confondus.

600 au titre des maladies professionnelles : durée moyenne d’arrêt de 400 jours

Les femmes sont plus touchées que les hommes (60 versus 40%)

Les affections psychiques sont déclenchées soit :

Par un événement extérieur (agression, menace, braquage)

Par des conditions de travail difficiles entraînant dépression et anxiété

Rappel : Définition de la santé, OMS – 1946

« La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. »

« La bonne santé implique que tous les besoins fondamentaux de l’individu soient satisfaits à tous les âges de la vie : sanitaires, nutritionnels, affectifs, sociaux, culturels et reprend les principes de bonne hygiène de vie »

Tous malades, tous fragiles ?

  • Des troubles aussi familiers que méconnus :
  • 8 personnes sur 10 ont des symptômes psychologiques au cours de leur vie
  • 20% fera un Episode dépressif caractérisé
  • 22% souffrira d’un Trouble anxieux
  • 40% présentera un EDM, trouble anxieux ou trouble lié à l’alcool

En 2010 pour les 18-30 ans en Nouvelle Zélande :

  • 50% ont souffert d’un trouble anxieux
  • 40% une dépression
  • 20% une dépendance au cannabis

Les troubles psychiques

Les diagnostics en psychiatrie :

  • Les névroses (d’angoisses, obsessionnelles, phobiques, narcissiques etc.)
  • Les psychoses (perte de contact avec la réalité)

Avant le trouble… Le tempérament, le caractère et la personnalité

Les troubles de la personnalité : rigidification des traits de personnalité associés à la souffrance et à l’altération du fonctionnement dans les différents domaines de la vie (fréquent 10%)

De la personnalité au trouble de la personnalité :

La personnalité « normale » peut s’adapter à l’environnement

La personnalité devient pathologique quand elle ne peut plus s’adapter et qu’elle engendre de la souffrance au quotidien

Les différents troubles de la personnalité

Groupe A

  • Paranoïaque : est méfiant et menacé par les autres, ne peut faire confiance, est rigide
  • Schizoïde : isolement, refuge dans un monde intérieur riche, ne recherche pas la compagnie des autres
  • Schizotypique : pensée propre singulière où l’irrationnel prend une grande part dans un environnement perçu comme menaçant

Groupe B

  • Antisocial : incapacité de se conformer à un comportement respectueux des lois et de l’éthique, égocentrisme, malhonnêteté, irresponsabilité, manipulation et prise de risque
  • Limite ou borderline : instabilité de l’image de soi, des relations interpersonnelles et des affects associés à l’impulsivité, la prise de risque et/ou à l’hostilité
  • Histrionique : besoin d’attirer l’attention, action de séduction, dramatise l’expression des émotions souvent changeantes
  • Narcissique : sentiment d’être exceptionnel, soucieux de son apparence, recherche d’attention et d’approbation, manipulateur, estime de soi fragile, peu d’empathie

Groupe C :

  • Evitant : estime de soi faible, évitement des situations à enjeu relationnel craignant d’être ridiculisée ou rejetée
  • Dépendant : incapable de se débrouiller seul
  • Obsessionnel : perfectionnisme, obstination, froideur émotionnel, doute et rigueur morale

Stress, anxiété, dépression et angoisse

Le stress n’est pas une pathologie

Une personne est stressée uniquement en présence de stresseurs

Pour l’anxiété les symptômes persistent au-delà de la présence du stresseur

Dans la dépression le sujet renonce à lutter et pense que tout effort pour contrôler l’environnement est inutile

L’angoisse n’a pas d’objet

Face aux troubles psychiques

Aller consulter quand les symptômes retentissent sur le fonctionnement dans le domaine privé professionnel et social

Pas d’auto diagnostic

Pas d’automédication (médicaments, alcool, drogues etc.)

Développer des actions de prévention en facilitant l’accès aux soins

Entourez vous de ressources compétentes

Identifier pour prévenir

Soigner pour éviter le débordement

Connaître le parcours de soin possible

Faire appel aux acteurs en présence

Pour finir positivement…

« Il n’est pas de génie sans un brin de folie » – Aristote

« L’art est la conscience du malheur » – Maurice Blanchot

« Rien n’est plus admirable que l’homme » – Sophocle

« Aller bien dans un monde qui va profondément mal n’est pas forcément un signe de bonne santé » – Krishnamurti

Voir également nos articles :

Santé en entreprise et maladie chronique

Nouvelles technologies et santé

Santé au travail : quelles orientations ?